Concert du Sinfonietta de Lausanne, de l'Orchestre de l'HEMU et d'une cheffe inspirante

Jeudi 17 novembre 2022, la salle Métropole de Lausanne recevait la cheffe Claire Gibault pour diriger la fameuse Symphonie Fantastique d'Hector Berlioz, avec l'orchestre du Sinfonietta de Lausanne qui intégrait pour l'occasion des étudiant·es de l'HEMU au sein de sa formation.

[ Vu et entendu par Sara Notarnicola ]

Si cette œuvre fait partie des pionnières quand on évoque la musique à programme, il faut savoir lui donner vie sans repère textuel. La musique à programme met en effet en avant les images véhiculées par la musique, qui se veut alors descriptive, émotionnelle, expressive, le tout sans parole. Berlioz la pousse encore plus loin en lui conférant quasiment le statut d’opéra, accompagnant sa partition d’un livret d’intentions.

Evoquer et respecter les émotions du compositeur demande un·e chef·fe d’une extrême exigence et d’une grande qualité. Un·e chef·fe à la fois sûr de son geste, en contact avec ses propres émotions et celles de la musique, et avant tout un·e chef·fe « historiquement informé », comme l’indique la cheffe du soir, Claire Gibault.

« On ne peut pas jouer la musique de 1830 comme on joue la musique de la fin du XIVe siècle », explique la cheffe. « J’ai donc essayé de connecter les musiciennes et musiciens à un jeu d’archet plus proche du style classique par moments, de Beethoven, de Mozart ou de Haydn à certains endroits et dans certaines articulations, afin de retravailler le phrasé ». La musique de Berlioz est « hors normes et extravagante » ; elle cherche à révéler « une musique plus cinglante, parfois plus crue et, de fait, plus déchirante, parce que les émotions de Berlioz c’est du grand drame ! »

Si on salue le talent, la réflexion et l’exigence de cette cheffe au parcours qui force l’admiration, on n’oubliera pas le travail de l’orchestre, spécialement composé de musicien·nes non seulement du Sinfonietta mais aussi de l’HEMU, qui a développé un son brillant et uni en seulement cinq jours de répétitions. Selon Lucile Arnold, violoncelliste en deuxième année de Master à l’HEMU, c’est le résultat d’une collaboration « très agréable dans un climat respectueux et calme » menée par une cheffe « inspirante ». Elle ajoute qu’elle trouve la direction de Claire Gibault « à l’écoute et sans rapport de force ». Nina Fuchs, violoniste également en deuxième année de Master à l’HEMU, approuve : « j’ai beaucoup aimé la musicalité de Claire Gibault. J’avais l’impression que le temps s’arrêtait quand nous répétions, qu’il n’y avait pas d’urgence, pas de stress. J’ai aimé le partage dont elle faisait preuve, sa bienveillance et sa générosité. J’ai ressenti son envie et sa joie de travailler avec nous. »

Le concert était, comme le décrivent Lucile et Nina, « un beau moment de musique, suspendu dans le temps » pour l’orchestre comme pour le public. L’œuvre de Berlioz a trouvé un nouveau souffle, féminin, fougueux et puissant, le tout dans un parfait respect, beaucoup de délicatesse et de minutie.

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