Musique sur place et à discuter

[ Vu et entendu par Laetitia Pralong ]

 

C’est un mercredi après-midi ensoleillé et, quand on descend les marches du BCV Concert Hall, l’ambiance est feutrée, légère. Sur scène trônent les timbales, posées comme une intrigue : on s’apprête à jouer les œuvres de Yan Maresz, compositeur en résidence à l’HEMU. Le 15 mars 2023, c’est un concert pas tout à fait comme les autres qui est présenté en médiation par Raphaël Jousse-Della Giustina, étudiant en direction d’orchestre, en présence du compositeur.

Articulé autour des pièces Étude d’impactsCircumambulation et Entrelacs, le concert a offert une immersion dans la musique de Yan Maresz, ponctuée par les interventions régulières de Raphaël. S’est alors crée un dialogue avec le public et le compositeur, jeu d’équilibriste entre explications, échanges ouverts et anecdotes. Sans oublier les pointes d’un humour souvent désarçonnant – on vous a déjà fait l’analogie entre la composition d’une œuvre et la conception d’un kebab ?

Intimidante la musique contemporaine, vraiment ? Pourtant que diriez-vous des timbales percutantes de Julien de Balbine, avez-vous remarqué la pulsation infaillible que tient Ricardo de Barros de Carvahlo sur la flûte traversière ? C’est en tirant profit de l’immédiateté du moment que Raphaël a proposé au public d’appréhender les œuvres. On reste en effet stupéfait devant les polyrythmies envoutantes, le foisonnement de timbres et les lignes mélodiques qui semblent se chercher encore et encore. C’est peu dire que la musique de Yan Maresz donne de quoi réagir.

Introduire les plus jeunes à la musique contemporaine était également un des enjeux de l’évènement : au long de la journée le concert a été présenté deux fois devant des élèves de 11 à 14 ans. « Ce qui est important c’est d’aiguiser la forme. Tout le but de l’écriture de la médiation a été d’amener à l’écoute d’Entrelacs en entier. », souligne Raphaël qui a dirigé cette dernière pièce. « Le fait par exemple de commencer par Julien [soliste de timbales], seul sur scène, dans le noir, alors que les élèves ne savent pas pourquoi elles et ils sont là, cela permet de miser sur ce côté théâtral pour amener ensuite des choses simples, comme les secondes qui s’écoulent. Ce qui est important c’est d’essayer d’engendrer une écoute active. »

On repart ainsi du concert avec l’impression d’avoir vécu un moment suspendu, la tête emplie de mots et de couleurs sonores singulières. Pari réussi pour Yan Maresz qui évoquait l’envie de laisser une « empreinte » dans le souvenir des auditrices et auditeurs.

À la fin du concert on se retrouve à Cully, comme après un voyage à travers le temps et les continents. Bavo à tous!

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