1 CHEF DE HAUT VOL + 240 MUSICIENNES ET MUSICIENS = UNE SOIRÉE MAGIQUE

[ Vu & Entendu par Sara Notarnicola ]

Chaque année, l’HEMU rassemble les nouvelles et nouveaux étudiant·s dans un concert de chœur. Qu’ils soient chanteur·euses ou instrumentistes du département classique, jazz ou musiques actuelles, toutes et tous forment un chœur éphémère durant une semaine, au terme de laquelle il se produit pour une unique représentation.

Si chaque année les chefs parviennent à faire des miracles de qualité en si peu de temps avec un effectif constitué en partie de « non-chanteur·euses », cette année, le chef Kaspar Zehnder a dû faire face à un défi encore plus grand.

Pendant la pandémie, en effet, ces concerts n’ont pas pu avoir lieu. Les étudiant·es entré·es en 2020 se sont donc produits en 2022. Restaient les étudiant·e s entré·e s en 2021 et 2022, deux promotions réunies pour ce projet ; et quitte à faire grand autant ajouter un orchestre étudiant pour un effectif total de 240 personnes sur scène dans la magnifique salle du Rosey Concert Hall à Rolle.

Pour exploiter au mieux un tel effectif et honorer un aussi beau lieu, le chef Kaspar Zehnder a fait travailler les étudiant·es sur deux pièces de grande envergure. La première de César Franck : « Les Sept paroles du Christ en Croix » réunissait orchestre, chœur et solistes choisi·es parmi les étudiant·es. La seconde, purement instrumentale, de Camille Saint-Saëns : « Symphonie n°3 en ut mineur op.78 » mêlait l’orchestre et un orgue.

Julien Chevallier, ténor soliste pour la pièce de César Franck, nous dit de cette œuvre : « L’écriture est très riche. Intimement, je trouve cette musique un peu « sucrée, j’imagine qu’on pourrait presque la qualifier de kitsch, mais j’adore ce genre de musique. J’aime la chanter et j’adore chanter la musique sacrée.» Vibe Rouvet, soprano soliste, témoigne quant à elle : « J’étais tellement amoureuse de la partition que quand j’ai appris que je passais à 9h du matin pour l’audition, j’ai mis toutes les chances de mon côté et je suis venue travailler à l’école tous les matins à partir de 6h45, pour faire en sorte que la voix soit habituée à chanter à cette heure-là. »

Des cœurs à l’unisson
La soprano étudiante continue en décrivant le travail avec Kaspar Zehnder : « un chef particulièrement pédagogue, précis, fin avec une très belle analyse de la partition (…) il a parfaitement su nous transmettre son amour de l’œuvre. » Julien Chevallier joint sa voix à celle de Vibe Rouvet : « Kaspar Zehnder nous a donné l’impression que tout était simple. Il a été confiant, serein, il nous a encouragés en nous disant que ce qu’on allait faire serait très bien. Par ailleurs, comme il savait exactement ce qu’il voulait, il a été très efficace dans sa direction. J’ai adoré travailler avec lui ».

Le chœur, composé à la fois d’étudiant·es chanteur·euses et d’instrumentistes, sonnait magnifiquement bien, juste et net, puissant quand il le fallait, nuancé et rythmé, avec une écoute parfaite du chef. L’Orchestre de l’HEMU était précis, avec un son clair qui emplissait la salle. Quant aux solistes, Vibe Rouvet, Julien Chevallier, Romain Favre, basse, et Hajatiana Rakotozafy, ténor, pourtant tous si jeunes, nous ont régalés de leurs voix projetées, faciles, et de leur aisance face à un effectif immense. Tous ont fait honneur à la salle splendide qu’est le Rosey Concert Hall et nous ont transportés dans une musique d’une beauté puissante et intime à la fois, que Julien Chevallier qualifie à juste titre de « rassembleuse » tant elle a uni les cœurs des gens présents, sur scène ou dans le public.

Après un court entracte, la Symphonie n°3 en ut mineur de Saint-Saëns, est venue compléter à la perfection l’œuvre précédente de César Franck, avec un côté grandiloquent, hautement romantique, des moments épiques et des passages d’une minutie folle, le tout délicieusement lié d’une nappe d’orgue. Sur le papier, la présence de cet instrument avait de quoi interpeller, voire déconcerter. En réalité, l’orgue s’est révélé complètement approprié en apportant une profondeur, un relief, une dimension un peu « cosmique » à l’œuvre, la portant vers plus d’universalité.

Preuve de la réussite de la soirée : le concert a été longuement et chaleureusement applaudi. On peut affirmer que le Rosey Concert Hall a été respecté, voire honoré, par des musicien·nes de grand talent à la hauteur du lieu et on peut d’ores et déjà parier sur le bel avenir qu’un tel professionnalisme leur promet.

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