B. BRITTEN - COMPLETE GUITAR MUSIC

Marie Chabbey, professeure à l’HEMU et assistante scientifique au département de la recherche de l’HEMU, vient de sortir un CD « B. Britten - Complete guitar music » en parallèle à sa thèse de doctorat sur le label Aulicus Classics.

« La musique que Benjamin Britten dédie à la guitare représente une très petite partie de son œuvre. Pourtant, elle contient tout le génie dramatique que l’on observe dans ses opus les plus célèbres et ceux qui sont considérés comme les plus aboutis ». Cette idée est au centre de l’étude que Marie Chabbey, adjointe scientifique au département de recherche, mène dans le cadre de sa thèse de doctorat réalisée à l’Université de Genève – travail de recherche soutenu par l’HEMU. Cette approche théorique est associée à son activité d’interprète puisque la guitariste, formée à l’HEMU dans la classe de Dagoberto Linhares, vient de sortir son premier cd intitulé Benjamin Britten, complete guitar music pour le label italien Aulicus Classics : « c’est un projet discographique qui me tient vraiment à cœur car je rêve de le réaliser depuis de nombreuses années », explique-t-elle.

L’intérêt de Britten pour la guitare se développe parallèlement à son amitié pour le fameux guitariste virtuose Julian Bream (1933 – 2020) à qui il dédie toutes ces œuvres pour l’instrument. Dès 1952, Bream forme un duo avec le compagnon du compositeur, le ténor Peter Pears. Pour soutenir leur volonté d’enrichir leurs programmes de concerts, Britten leur offre deux cycles de chansons. Entre 1956 et 1958, il leur écrit les Folksongs arrangments vol.6, des chansons qui illustrent à la fois l’affection du compositeur pour l’héritage musical anglais et sa conception particulière des « art songs ».

Les Songs from the Chinese, composés en 1957, sont une sélection de poèmes traduits du chinois par le sinologue Arthur Waley. « Les textes choisis pour ce cycle évoquent la vie, la perte, le regret et la fragilité de la jeunesse et de la beauté. Des thèmes auxquels Britten était très sensible et que l’on retrouve bien souvent sous sa plume. La richesse et la force dramatique contenue par la partition de guitare reflète l’exceptionnelle capacité du compositeur à exploiter et mettre en valeur les subtilité d’un instrument qui lui était totalement étranger quelques années auparavant. De plus, et c’est un challenge passionnant pour les interprètes, Britten traite la voix et la guitare comme deux instruments solistes virtuoses dont le dialogue sert magistralement la trame dramatique du texte, sans pour autant chercher à créer une atmosphère chinoise. » Pour interpréter les duos pour guitare et voix, Marie Chabbey s’est associée à la soprano Sophie Graf.

Le Nocturnal after John Dowland (1963) seule œuvre pour guitare solo de Britten, est unanimement considérée comme une œuvre majeure du répertoire de l’instrument au 20e siècle : « la complexité du langage et de l’architecture de la pièce est certainement à l’origine de la place particulière que les guitaristes accordent à cette œuvre, mais c’est selon moi l’importance du rôle dramatique accordé à la guitare qui fait du Nocturnal un véritable bijoux ». L’utilisation par Britten de la chanson « Come heavy sleep » de Dowland en tant que thème témoigne de la fascination partagée des deux compositeurs pour la nuit, les rêves et les songes. La chanson élisabéthaine met en scène un poète souffrant d’insomnie qui implore le sommeil de le délivrer des pensées obsédantes qui hantent son esprit. « Le Nocturnal est un des plus fantastique exemple de la façon dont Britten met l’organisation formelle au service de la dramaturgie. En inversant la forme « thème et variations », il accroît la force dramatique du thème : il en fait un véritable appel désespéré au sommeil après une série de variations qui dépeignent, en exploitant toute la palette sonore de la guitare, des rêves étranges et angoissants. »

« Ce qui me touche particulièrement dans l’œuvre de Britten en général, mais spécifiquement dans ce corpus pour mon instrument, c’est la capacité du compositeur à mettre en musique l’ambiguïté des sentiments et des situations. Ainsi, une nuit d’insomnie n’est pas seulement sombre et effrayante, ce qui est régulier et semble immuable peut être fragile et imprévisible, une atmosphère paisible contient une part d’instabilité… Dans la même veine, Dowland disait que les larmes induites par la musique sont plaisantes, que la mélancolie est douce… La Lachrimae Pavan, qui figure également dans ce disque, illustre parfaitement cette idée. »

L'album est à écouter sur :
Itunes
Spotify
YouTube

À suivre :
Chaîne YouTube de Marie Chabbey
Page Facebook de Marie Chabbey
Compte Instagra de Marie Chabbey
 

Partager la page :


NEWSLETTER
Abonnez-vous et recevez nos dernières actualités !

S'abonner