SOUL - BRAHMS REQUIEM

[ Vu et entendu par Lucie Göckel ]

 

Dans le cadre des festivités des 750 ans de l’Église Saint-François, l’HEMU présente un concert original, en trois facettes, autour du Requiem allemand de Brahms. Brillamment portée par les Vocalistes de l’HEMU, l’œuvre est transcendée par la contribution de formations de jazz et de musiques actuelles.

Comme une invitation, le concert commence par un trio issu du département des musiques actuelles. Situé dans une alcôve de l’église, les chansons choisies oscillent entre pop et gospel. Si le propos est parfois dilué dans l’acoustique du lieu, les trois musicien.nes touchent par leur sincérité.

Le Requiem qui suit, œuvre majeure du répertoire pour chœur n’a pas été choisi par hasard. Composé entre 1854 et 1868, il porte un message humaniste et sacré autour de la mort et de la résurrection. Deux pianistes en quatre mains interprètent la réduction de l’orchestre. Composé de sept mouvements, c’est l’œuvre la plus longue du compositeur.

Deux solistes interviennent épisodiquement dans cette œuvre, une soprano pour chanter « Comme un homme que console sa mère, je vous consolerai » et un baryton pour exprimer l’angoisse de l’homme face à son destin. Le chœur nous offre des forte puissants et arrive à faire parvenir le texte avec justesse et précision.

Quant aux plages d’improvisation libre pouvant paraître assez abstraites, réalisées par huit musicien.nes jazz, elles tissaient en réalité des liens parfois très concrets avec le Requiem, en extrayant une idée liée au mouvement suivant ou précédant. Les musicien.nes reprennent par exemple en chuchotant le murmure du chœur : « Selig sie, die da Leid tragen » (« Bienheureux ceux qui souffrent parce qu’ils seront consolés »), ou se saisissent d’un enchaînement harmonique pour construire une improvisation collective. Ces moments un peu hors du temps s’intégraient particulièrement bien à l’acoustique de l’Église.

Concernant l’interaction entre les trois différents styles musicaux, si le fil conducteur transversal est présent, ce n’est pas à proprement parler un mélange de styles. Le point de rencontre c’est peut-être vraiment l’église et son acoustique si particulière. Ce concert témoigne de la volonté du lieu et de l’école de célébrer la diversité et la réunion des styles qui les constituent.

À la sortie du concert nous sommes allés à la rencontre de Jeanne, choriste et d’Ismael, vibraphoniste qui nous ont livrés leurs impressions.

« C’est le premier projet qu’on fait ensemble avec tous les chanteurs depuis la Covid sans masque, donc c’était génial. C’est également le premier projet auquel je participe qui propose une rencontre entre les départements classique et jazz, et ça a été l’occasion de rencontrer les autres étudiants. J’ai trouvé que les interventions d’improvisation libre ont permis de faire un lien entre chaque mouvement et de rajouter des respirations, car pour l’auditeur, recevoir cette pièce d’un seul bloc peut être assez lourd. »

« Concernant la partie improvisation libre, nous avons eu des cours tout au long de l’année sur différents thèmes, structures, textures dont une partie consacrée à la création de ce projet. Vinz, qui nous a supervisé, a proposé un ensemble d’idées thématiques en lien avec chaque mouvement du requiem. De cette manière, nous avons pu être beaucoup plus dirigés que dans un concert d’improvisation libre où aucune consigne n’est donnée à l’avance. Nous avons tenté de trouver une certaine osmose avec la musique de Brahms, mais notre rôle était surtout de relancer le Requiem et de le piquer un peu parfois !

C’est aussi très émouvant d’être aussi proche du chœur, c’était très impressionnant. Je suis vraiment content d’avoir participé à ce projet un peu fou ! »

Partager la page :


NEWSLETTER
Abonnez-vous et recevez nos dernières actualités !

S'abonner