Un beau mariage
Il faut tout d’abord parler du lieu, magnifique et accueillant, offrant 1000 places en pleine campagne. Le théâtre du Jorat, a été construit en 1908 par René Morax, inspiré par le théâtre du peuple à Bussang, édifié à la fin du XIXe siècle dans les Vosges par Maurice Pottecher. La même philosophie y domine de faire vivre un lieu de culture ouvert à tou·tes. On le nomme « la grange sublime » en référence à sa structure de bois qui le fond dans le paysage constitué par les fermes alentour.
La soirée s’est ouverte sur une première partie de danse avec la création d’une chorégraphie résolument moderne, «Pièce d’ensemble», d’Alma Söderberg ; ou comment venir au mot et à sa musique en partant de rien, du bruit, du borborygme. Aller de la répétition à la création de façon presque tribale. Un moment fort intéressant qui a ravi le public.
Une œuvre puissante qui ne laisse pas de place à l’approximation
Pour la deuxième partie, «Les Noces», les élèves danseuses et danseurs de la Manufacture, dans une chorégraphie de Salva Sanchis, se sont joints aux musiciennes et musiciens de l’HEMU, réunis sous la baguette du chef Daniel Reuss. Après avoir donné l’œuvre séparément, les étudiant·es des deux hautes écoles se retrouvent pour la première fois sur la scène du Théâtre du Jorat pour s’épouser le temps d’une soirée.
Appuyée par une formation de quatre pianos et percussions, un grand chœur solide et sonore ainsi que quatre solistes, la pièce a été bien servie, avec un bel effort de rigueur et la combinaison de nombreux talents. Comme le dit Elise Géroult, alto : « l’œuvre est exigeante », confortée dans le propos par Alexandrine Monnot, soprano : « la mise en place rythmique, l’intonation, la langue (NDLR : le russe) sont les principales difficultés de la partition ». Elle a aimé travailler à nouveau sous la houlette de Daniel Reuss, tout comme Ludmila Schwartzwalder, soliste alto qui le retrouvait elle aussi. Elise confirme que le travail a été mené « tout droit et sans perte de temps » par le chef et se réjouit d’y avoir développé « son attention aux autres » et d’avoir désormais cette œuvre à son répertoire. Les trois chanteuses s’accordent à choisir comme maître-mot de la prestation : synchronisation.
Le résultat a soulevé l’enthousiasme de la salle, séduite par cette œuvre forte, dynamique et percussive dans cette version originale qui en a souligné toute la modernité et la jeunesse éternelle.