Vu et entendu : concert conjoint de l'OCL et de l'Orchestre de l'HEMU
Vu et entendu par Noémie L. Robidas
Les 5 et 6 février 2025, la scène lausannoise a vibré au son d’un concert exceptionnel, où l’Orchestre de l'HEMU et l'Orchestre de Chambre de Lausanne ont uni leurs forces pour offrir une soirée placée sous le signe du romantisme. Marquée par des imprévus de dernière minute, le violoniste et chef d’orchestre Nikolaj Szeps-Znaider étant souffrant, c’est le jeune maestro Cornelius Meister, avec fougue et générosité, qui a repris la baguette au pied levé, tandis qu'Alena Baeva a brillamment assuré l’interprétation de La Fantaisie écossaise de Max Bruch.
La Fantaisie écossaise : une immersion dans les paysages écossais
Composée en 1880, La Fantaisie écossaise de Max Bruch dévoile une peinture sonore des paysages sauvages et poétiques de l’Écosse. Cette œuvre, qui marie l’inspiration folklorique et la virtuosité du violon, offre à la soliste l’opportunité d'explorer une large palette de couleurs et d’émotions. Alena Baeva a pris toute la mesure de cette opportunité, apportant une subtile combinaison de lyrisme et de relief à son interprétation. Chaque note semblait traverser les paysages écossais, déployant des images contrastées entre les murmures d’une lande désertée et les éclats d’une danse folklorique joyeuse et envoûtante.
Richard Strauss : une confrontation exigeante pour les étudiant·es
La deuxième partie du concert a été dominée par deux œuvres de Richard Strauss, parmi lesquelles Don Juan a pris une place toute particulière. Ce poème symphonique, composé en 1888, est une prouesse technique, d’une complexité et d’une richesse d’orchestration qui ne laissent pas de place à l’approximation. Pour les étudiantes et étudiants de l'HEMU, être confrontés à Don Juan à l’occasion de ce concert était une occasion inouïe d’explorer les défis techniques que cette pièce impose à chaque instrument. Véritable “test” pour les musiciennes et musiciens, l’œuvre regorge de traits complexes, qui sont souvent intégrés dans les concours de recrutement des orchestres professionnels. Chaque instrument a ici été mis à l'épreuve, chaque phrase exigeant une précision et une virtuosité exceptionnelles.
Le concert s’est conclu sur Mort et transfiguration, l’une des œuvres les plus poignantes de Richard Strauss. Née des tourments intérieurs du compositeur, cette composition explore les thèmes de la lutte contre la mort et de la recherche de transcendance. Sous la direction précise et sensible de Cornelius Meister, l’orchestre a su rendre avec une profondeur saisissante la progression de la souffrance vers la sérénité. Les transitions entre l’agitation du combat et le calme de la transfiguration ont été magnifiquement travaillées, l’orchestre déployant toutes les richesses sonores d’un grand orchestre symphonique.
Immersion dans le monde professionnel
De ce concert, marqué par la présence des étudiant·es de l'HEMU, émanent une énergie et un enthousiasme communicatifs. L’expérience « side by side » alliant la pratique inspirante des professionnel·les aguerris de l’OCL à la vivacité et la fraîcheur de nos étudiant·es, a permis de nourrir chaque œuvre d’une intensité palpable. Une expérience inestimable pour les étudiant·es, qui leur offre une immersion dans le grand répertoire symphonique et les confronte directement à l’excellence technique et musicale exigée par le monde professionnel.