Les Dominicales : coups d’éclats à la salle Métropole

Dimanche 28 janvier, il est à peine passé 11h que, déjà, on se presse devant la salle Métropole.

Vu et entendu par Laetitia Pralong

A la vigueur du soleil se conjugue une certaine électricité dans l’air : l’HEMU Wind Orchestra offre un programme déboussolant, imprévisible, sous la baguette d’Ivan Meylemans. À travers les pièces contemporaines Skriet du Belge Wiliams Henderickx et Songs from the End of the World de l’Américain John Mackey, le public s’apprête à rencontrer tantôt l’effroi d’un cri inaudible, tantôt la peine infinie d’une nymphe homérienne interprétée par la soprano Andrea Cueva Molnar. La ponctuation finale a les contours d’une danse, celle de l’Oiseau de Feu d’Igor Stravinsky.

Promesse d’un voyage musical entre des tableaux éclectiques, la traversée commence dans l’angoisse d’un tableau au cadre trop étroit. L’écoute de Skriet relève en effet de l’expérience physique pour les spectateurs et les spectatrices : l’œuvre, inspirée par le tableau Le Cri d’Edmund Much, empêtre d’abord le public dans la répétition effrénée de cellules rythmiques avant de le chahuter entre éclats et silences. Une intensité incarnée par l’orchestre qui fait corps, bloc uni dans la tempête. Alors, sans crier gare, une forme de crainte commence à se propager dans la salle. Les allures se raidissent sur les sièges de velours, et, quand le coup final résonne, on ose à peine y croire.

Changement de décor, nous voici en partance l’île de la nymphe Calypso. La fresque s’affiche cette fois comme une île d’apparence paisible, à la nuance qu’il s’agit d’un lieu de résidence éternel. C’est sur une nappe sonore tendue par les vents que la voix se pose et raconte, se raconte. On se trouve parfois troublé quand le chant s’unit avec la flûte : derrière la douceur se devine le désespoir d’une errance infinie et solitaire, dont départ d’Ulysse se fait symbole. Des élans lancinant jusqu’à l’immobilisme fatal, le public reste suspendu aux lèvres d’Andrea Cueva Molnar.

On aime penser que, pour la nymphe comme pour le passant au cri, le salut vient de l’Oiseau de feu. Tout en souplesse et couleurs, la danse de la créature irradie entre les mains du chef Ivan Meylemans. Attention néanmoins il ne faudrait pas oublier qu’il s’agit, encore et toujours, d’un tableau vivant : tant que résonne la musique, jusqu’à la dernière note, tout peut arriver.

C’est ainsi au terme d’un concert mêlant flamboyance et douceur que le voyage s’achève. Midi sonne, l’heure de réattérir après une virée entre les cadres mouvementés.

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