LUIS NAÓN - ÉCHOS SUR SA RÉSIDENCE

[ Vu & Entendu par William Blank ]

L'HEMU accueille désormais chaque année un compositeur en résidence. En 2020-2021, c'est Luis Naón qui fut convié au sein de sa communauté. Retour sur cette première édition riche et passionnante.

« Le travail du compositeur peut sembler solitaire tant il est vrai qu’il est fait principalement d'introspection. Comme toute œuvre issue de la pensée, il nécessite un temps de maturation, de recherche et de réflexion » nous dit Luis Naón. « Cependant, vient le moment où la confrontation avec le réel, sous la forme du travail et de l'échange avec les musiciens, mène à l'achèvement de l'œuvre et à sa création »

Malgré les restrictions liées à la pandémie, nous avons pu accomplir, grâce à sa présence et à l'implication sans faille des six professeur·es lié·es à ce projet, trois parcours qui ont été d’une grande richesse. Le travail fut axé sur une dizaine d'œuvres, certaines avec électronique (Macristhalias et Caprices pour violon, Clairière pour clarinette et Cuento Perpetuo pour marimba). Around the Bell pour 14 musicien·nes qui fut enregistrée, filmée et diffusée en streaming dans le cadre des concerts de la SMC.

> Vidéo du concert à visionnier ICI

La rencontre avec les interprètes s’est faite dès janvier 2021 sous la forme de cours de musique de chambre supervisés par le compositeur. Lors de ces répétitions, l’enthousiasme, l’implication et le professionnalisme des instrumentistes a été exemplaire et très productif, menant à de très belles et vivantes exécutions – certaines intégrées dans leurs récitals de Master. Trois pièces pour 4 timbales, Lettre inachevée pour vibraphone et Deux tangos d’Amor a Roma pour voix et petit ensemble ont ensuite complété le travail, alors qu'Alto Voltango pour saxophone et vibraphone et Gelmanianas pour violoncelle ont été jouées en fin d'année avec profondeur et brio. 

Ce mode de travail est réjouissant à maints égards : pour de jeunes instrumentistes, l'approfondissement d'une œuvre nouvelle la consacre comme pièce de répertoire et le travail sur plusieurs mois permet une maturation des détails et l'acquisition de la finesse nécessaire à sa restitution, dans toute sa complexité. Le regard constant du compositeur durant le processus d'apprentissage  constitue sans aucun doute un des aspects fondamentaux de cette démarche : « tout à coup, le respect du texte, l’exigence absolue dans la justesse d'intonation, la précision rythmique et l'attention soutenue au phrasé ainsi que le travail sur le style -  notions souvent rappelées dans notre métier de professeur - trouvent ici leur justification ultime ».

Un autre aspect de la résidence fut la participation active du compositeur à une journée en hommage à Stravinsky. Sous la forme d’un dialogue avec divers intervenant·es, il put partager les motivations qui sont les siennes, son histoire et le sens de sa démarche (sous l’évidente influence du grand maître russe, voire dans son langage même) mais aussi « expliciter le sens de l’intégration d’éléments musicaux provenant d’autres traditions ».   

Enfin, un concert final, donné lors des Folles Journées de la Musique Contemporaine, fut le point culminant de cette année de résidence, où l'élaboration du programme a reflété la diversité de sa démarche ainsi que les constantes de son style au travers de pièces pourtant très variées.  
 

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